Le système que nous appellerons "liberté surveillée ou contrôlée", concilie les avantages de la pleine liberté et de l'élevage en volière, éliminant de surcroît leurs inconvénients.
Mais ces régimes de "liberté surveillée' n'excluent pas, comme dans le strict élevage en volière, la séparation des jeunes à laquelle il est bon de procéder en temps opportun.
Il est des petits élevages d'amateurs où, faute de place, à moins que ce ne soit faute de petit capital nécessaire à une installation rationnelle, on ne dispose que d'une seule volière plus ou moins réduite. Là, les couples de reproducteurs sont mêlés aux jeunes en instance de départ vers d'autres cieux, en instance de fin culinaire ou en instance de futur accouplement s'ils sont jugés dignes d'être promus au grade de reproducteurs.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'élevage subisse des à‑coups sérieux du fait de bagarres fréquentes ou de "distractions" intempestives fournies aux .pères nourriciers".
En effet, on ne doit pas "appareiller" des jeunes en vue de la reproduction avant qu'ils aient six mois révolus dans les petites races et, avec les Romains, les Montaubans, les Mondains, il est préférable de laisser les sujets se développer, sans excès sexuels, jusqu'à huit, dix et même douze mois.
Or, parfois lorsqu'ils ont trois mois dans le cas de précocité, sûrement à quatre ou cinq mois, les jeunes commencent à être tyrannisés par l'instinct sexuel.
Il s'ensuit que d'une part les mâles des couples reproducteurs font leurs offres de services aux jeunes femelles non accouplées au lieu de se consacrer, comme ils le doivent, au nourrissage de leur progéniture ; que parfois ces offres de services sont agréées, ce qui conduit le mâle déjà pourvu, à la bigamie de sorte qu'il ne pourra plus assurer durant le jour l'accouvaison simultanée de deux couvées différentes et l'une de ses deux épouses ne pourra plus se reposer et se restaurer normalement. En outre, il ne pourra pourvoir convenablement à l'alimentation de ses deux nichées jumelles. Ce sera la pagaille et les jeunes qui en seront issus n'arriveront guère en bonne condition.
D'autre part, les jeunes mâles non accouplés tenteront soit de "débaucher" sans y parvenir d'ailleurs, une femelle accouplée et cela leur vaudra quelques belles corrections de la part de l'époux légitime, soit de s'accoupler à une jeune femelle dépareillée qui se trouve disponible. Mais en ce cas, le moindre risque est que cet accouplement ne sera pas celui qu'a comploté l'éleveur, d'autant que le plus souvent il se pratiquera entre frère et soeur, ce qui n'est pas recommandé. Le plus grand mal est que cet » appareillage" volontaire fatiguera les jeunes encore insuffisamment développés, et les épuisera d'autant plus qu'avant de parvenir à leurs fins, ils devront subir les assauts des autres mâles, adultes et accouplés, qui essaieront de participer à l'initiation des jeunes femelles. Encore de la pagaille en perspective, des batailles, des oeufs cassés, des adolescents écartés des mangeoires par les vieux belliqueux, etc.
On voit donc qu'il y a intérêt majeur à séparer les jeunes des couples reproducteurs. Comment et quand ?
Dans toute installation de colombiculture bien comprise, il doit y avoir outre la ou les volières réservées aux reproducteurs ‑ exclusivement réservées ‑ deux autres volières destinées aux jeunes encore dépareillés. Dans les modestes élevages qui ne peuvent s'offrir plusieurs volières, il sera nécessaire de cloisonner avec du grillage et une porte de communication intérieure, deux petits compartiments de l'unique volière, pour les jeunes. Ces deux compartiments seront inégaux. Le plus petit sera affecté aux jeunes femelles déclarées et aux plus jeunes dont le sexe est encore douteux. Et voici comment on procèdera à la séparation qui se fera dès après le sevrage.
Lorsque, dans la volière des reproducteurs, des tout jeunes sont en âge de s'évader du nid, de s'envoler de leur case, ils doivent demeurer encore dans la volière des adultes car ils seraient incapables de s'alimenter tout seuls. A cet âge, l'instinct sexuel ne joue pas encore et les autres adultes les laissent aller et venir sans trop les inquiéter. Si quelque mâle irascible, ce qui se voit, leur cherchait querelle, le père s'empresserait de défendre ses enfants contre les batailleurs.
Durant quelques jours, les jeunes sortis du nid s'essayent à ingérer d'eux‑mêmes les petites graines qu'offre la mangeoire. Mais comme ils n'y parviennent guère, ou insuffisamment, ils poursuivent leur père, en poussant de petits cris, afin qu'il continue à leur donner la becquée.
Quelques jours plus tard, les jeunes parviennent à s'alimenter seuls. Lorsqu'on constate que le père, malgré les sollicitations piaillantes de ses enfants, se refuse à les nourrir pour se consacrer entièrement aux plus jeunes de la couvée suivante qui est encore au nid, le moment du sevrage approche.
Encore trois ou quatre jours pour être bien sûr que les jeunes en question s'alimentent correctement tout seuls et sans le secours paternel, et c'est l'instant de la séparation. Les deux jeunes (à moins d'un fils unique accidentel) sont alors transportés, sans qu'on ait à se préoccuper de leur sexe, dans le compartiment ou la volière des jeunes femelles dépareillées. Ils y demeureront jusqu'à trois ou quatre mois, jusqu'au moment où l'on constatera que l'un deux (parfois les deux) fait la roue en roucoulant autour des autres jeunes femelles de son compartiment. S'étant alors déclaré mâle de lui‑même (c'est le meilleur moyen de discerner les sexes sans erreur en laissant parler la nature), il sera alors placé dans le compartiment de la volière des jeunes mâles.
Ainsi tout se passera dans l'ordre. D'un côté on aura des jeunes mâles déclarés, de l'autre des jeunes femelles et des tout jeunes non déclarés. Dans ce dernier compartiment on pourra considérer que les jeunes de cinq mois qui laissent tranquilles les femelles sont bien eux‑mêmes des femelles.
Dès lors, tout ira bien dans la volière principale des reproducteurs et l'éleveur pourra, en cas de vente, savoir où trouver des mâles et des femelles. En cas d'appareillage futur pour former de nouveaux couples reproducteurs, il pourra fixer son choix très à l'avance en combinant les qualités ou les couleurs de plumage des uns et des autres, et en évitant la consanguinité, surtout entre frère et soeur.
Pouvant examiner à loisir ses jeunes sujets, il choisira, sans se presser et par comparaison entre eux, ceux qui sont dignes d'être conservés pour lui ou d'être vendus en faisant honneur à son élevage, et ceux qui n'ont de valeur qu'agrémentés de petit pois, lentilles ou choux divers.
Vous savez maintenant que la séparation des jeunes pigeons est indispensable et comment on y procède pour la bonne marche de l'élevage.
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