Pour pratiquer l'élevage de façon rationnelle, nous avons toujours recommandé, pour le pigeon comme pour d'autres espèces animales, de recourir autant que possible et au moins dans une certaine mesure, à l'usage des aliments composés qui, pour cet oiseau, ne peuvent être présentés que sous forme de granulés. Trop souvent, néanmoins, ceux-ci sont considérés comme trop engraissants. Non seulement cette affirmation est sans fondement, mais encore elle témoigne d'une méconnaissance totale des rudiments de l'alimentatiom animale.
En effet, pour engraisser des oiseaux, on n'a rien trouvé de mieux, jusqu'à présent, que le maïs, et la manière dont on obtient les foies gras d'oies et de canards, est là pour le démontrer. Si cette céréale, se prête si bien à la production de ces foies qui sont en réalité, atteints de dégénérescence graisseuse, c'est parce qu'elle ne peut, à elle seule, constituer une alimentation équilibrée, à plus forte raison si elle est donnée en quantités exagérées (gavage).
On sait que le maïs est une excellente céréale car elle a une valeur énergétique élevée ; par contre, elle est pauvre en protéines. Ce qu'il faut savoir également dans le cas qui nous intéresse plus particulièrement, c'est que sa teneur en choline est très faible. Or ce facteur alimentaire qui est classé parmi les vitamines du groupe B, joue un rôle capital dans le métabolisme des matières grasses consommées par les animaux.
Par conséquent, ces derniers ont d'autant plus facilement tendance à présenter des troubles dus à une mauvaise utilisation des graisses alimentaires, que leur ration est pauvre en choline. Ainsi, si quelque chose doit engraisser les pigeons, pour ne parler que d'eux, c'est bien le maïs et non les granulés, surtout quand ils sont riches en protéines de qualité. D'une manière générale, les aliments riches en matières protéiques le sont également en choline. Les tourteaux et les farines animales, par exemple, ont une teneur en choline huit à dix fois supérieure à celle du maïs (3000 à plus de 4000 mg par kilo, contre 400 à 450 mg pour le maïs).
Même dans la programme mixte que nous recommandons, c'est‑à‑dire céréales plus granulés, le maïs qui entre aussi pour beaucoup dans la composition de ceux‑ci, constitue la base de l'alimentation du pigeon. Les granulés, à condition qu'ils soient suffisamment riches en protéines de qualité, ne peuvent donc que favoriser l'utilisation de cette céréale par l'organisme des oiseaux, au lieu de la contrarier.
Il serait préférable que ces granulés complémentaires des céréales, soient aussi riches que possible en protéines de qualité. Or, nous savons par expérience que les pigeons acceptent généralement assez mal les granulés dont le taux de protéines est très élevé. Entre un granulé à 26 ou 28% de protéines (nous avons essayé jusqu'à 36%) que les oiseaux ont tendance à bouder, et un autre granulé titrant 20 ou 22% de protéines et que les pigeons consomment volontiers, il faut évidemment préférer le second.
Rappelons que le granulé complet pour pigeons, n'a à notre avis qu'un intérêt limité s'il est donné en complément du grain, car sa teneur en protéines est faible (14 à 15%) et sa formule est souvent rudimentaire. Donné à l'exclusion de toute autre nourriture, il ne prend pas en considération les besoins très variables du pigeon aux différents stades de sa vie.
Dans le choix d'un granulé complémentaire des céréales, et indépendamment de la teneur en protéines qui doit donc être suffisante mais non excessive, il faut tenir compte des supplémentations en produits médicamenteux (antiparasitaires notamment) qui sont très généralisées et qu'il faut éviter. Certains granulés en sont exempts, comme ceux qui sont destinés à la finition des poulets pendant les derniers jours avant l'abattage, ou encore les granulés pour le démarrage des canetons ; de toute manière, la lecture de l'étiquette du sac s'impose. Précisons qu'il faut compter avec une supplémentation inévitable, qui concerne le produit antioxydant, mais celle‑ci est indispensable et théoriquement sans danger. Quant à la taille des granulés, elle n'a pas d'importance, et petits et gros pigeons consomment aussi bien, si l'aliment est à leur goût, les pellets faits pour les poussins ou ceux qui sont destinés aux poulets adultes.
Pour nous, et pour beaucoup de colombiculteurs que nous avons convaincus, l'alimentation équilibrée du pigeon passe par l'utilisation de granulés choisis avec soin. Ainsi que nous avons déjà eu l'occassion de le préciser, ils peuvent et doivent se substituer avantageusement aux graines de légumineuses qui sont coûteuses, et d'une valeur alimentaire discutable, voire médiocre.
Contrairement à ce que certains affirment, les granulés ne risquent absolument pas de provoquer un engraissement excessif des pigeons qui d'ailleurs, n'en abusent pas. Grâce à leur teneur en choline qui est de l'ordre de 1600 à 2000 mg par kilo pour un aliment titrant 20 à 22 % de protéines, ils sont même capables de valoriser encore davantage la base de la ration alimentaire constituée par les céréales, et notamment par le maïs qui, s'il est consommé seul ou en trop grande quantité, peut être à l'origine de déséquilibres avec des répercussions sur la reproduction (oeufs clairs, morts en coquille) et sur la croissance (sujets chétifs, retardés), autant de symptômes décrits dans les cas de carence en choline chez les oiseaux.
LE CHOIX DES GRANULES:
D’une façon générale, il ne fait pas de doute que si on lui laisse le choix, le pigeon préfère les graines aux granulés, surtout quand ces derniers constituent pour lui une nouveauté.
Ainsi que nous l'avons déjà publié à diverses reprises, certains granulés sont beaucoup mieux acceptés que d'autres ; cela est dû à un problème d'appétence dont il faut évidemment tenir compte en faisant si nécessaire des essais comparatifs. Un aliment si efficace soit‑il, ne sert à rien s'il n'est pas ou mal consommé.
Nous sommes, quant à nous, convaincus que si l'on veut obtenir les meilleurs résultats, il ne faut pas se fier aveuglément à l'instinct du pigeon, mais lui imposer ce qui lui convient le mieux. Encore faut‑il, bien sûr, utiliser pour cela un aliment choisi d'après sa composition, et que cet oiseau apprécie et accepte suffisamment bien.
Comme nous l'avons déjà précisé, certains granulés relativement riches en protéines mais sans excès, sont très bien consommés par les pigeons, surtout lorsqu’ils nourrissent des jeunes. Si vos sujets ont tendance à les bouder, c'est qu'ils n'y sont pas suffisamment habitués et le cas échéant, il faut que vous interveniez de façon autoritaire en rationnant les graines, toujours et c'est impératif, de façon progressive.
Tous les fabricants d'aliments sérieux utilisent pratiquement les mêmes formules pour des catégories d'animaux déterminées. C'est bien davantage la formule de l'aliment qu'il faut choisir plutôt que la marque, à condition évidemment, de rester dans le cadre d'ailleurs restreint, des fabricants qui ont acquis une renommée par la qualité de leur production.
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