samedi 30 avril 2011

Pour éviter les nids au sol







Tous les colombiculteurs, quelle que soit l'importance de leur élevage, connaissent cet inconvénient qui se manifeste toujours plus ou moins dans les volières.
On a cru un moment que la solution du pro­blème suivrait l'utilisation des sols en grillage. En fait, ces derniers n'ont fait que limiter la ponte au sol, sans l'éliminer complètement. Il nous semble donc intéressant de rapporter ici un procédé qui nous a été indiqué par un pro­fessionnel, et qui constitue paraît‑il, une solu­tion radicale. Pour qui connaît les moeurs du pigeon, il s'agit en tout cas d'une méthode tout à fait logique, mais encore fallait‑il y penser.
Le mâle, c’est bien connu, choisit d'autorité l'emplacement du nid, ne laissant dans ce domaine, strictement aucune initiative à la pi­geonne qui se trouve contrainte de pondre à l'endroit précis que son tyrannique époux con­sidère comme sa propriété, et qu'il défend tou­jours avec une énergie extraordinaire. C'est d'ailleurs lui qui assure entièrement la cons­truction du nid, la femelle ne consentant à l'aménagement de ce dernier qu'après la ponte, et une fois l'incubation commencée.
Le mâle conquiert généralement de haute lutte la zone qu'il estime lui appartenir, et n'hé­site pas à tenter sa chance ailleurs, dans l'es­poir de s'attribuer le plus de place possible, sans doute en vue de nouvelles couvées. On sait en effet, que le pigeon répugne à nicher deux fois au même endroit.
Dans son désir de conquête, il peut donc arriver qu'un mâle s'attribue plus de place qu'il ne lui en faut pour reproduire dans de bonnes conditions. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est vivement recommandé de ne jamais laisser ouverts plus de cases ou de casiers doubles qu'il n'y a de couples. Malgré cette précaution, il est très fréquent, sinon systéma­tique, que les derniers couples mis en place soient pris à partie lorsqu'on décide de les intégrer à l'ensemble du lot, par les mâles du voisinage déjà installés.
Même s'ils ont été tenus enfermés pendant un certain temps dans le nichoir choisi par l'éleveur, les nouveaux arrivants se trouvent désorientés lorsqu'ils peuvent évoluer pour la première fois dans la volière. Cette faiblesse est évidemment exploitée par les "anciens", et le nouveau couple a alors beaucoup de dif­ficultés à rester maître de sa case, ou à plus forte raison de ses casiers qu'il a du mal à repérer d'emblée, tant ils ressemblent aux au­tres.
Il s'ensuit une pagaille due au fait que les nouveaux se trompent facilement de nichoir, tandis que les anciens voient dans les casiers récemment ouverts, une nouvelle possibilité de conquête territoriale. Tout cela ne manque pas d'entraîner des disputes, avec pour con­séquences la perte de nichées (oeufs cassés, petits écrasés), et aussi le fait que, souvent, les nouveaux couples se trouvent chassés de ce qui aurait dù être leur lieu de reproduction.
Au fur et à mesure qu'ils prennent de l'assu­rance dans leur nouveau milieu, les mâles vont alors livrer bataille ailleurs pour tenter de s'approprier un nichoir. Ceux qui n'y parvien­nent pas, parce qu'ils sont moins agressifs, finiront par inciter leur femelle à pondre sur le sol, ce qui pour l'espèce , est un acte contre nature.
Pour éviter d'en arriver là, l'idée consiste à introduire dans un parquet de reproduction, tous les couples en même temps, en veillant bien que tous les sujets, et surtout les mâles, aient atteint la maturité sexuelle. Aucun d'eux n'arrive alors en pays conquis, et chacun au contraire, ne cherchera qu'à préserver sa place, au lieu d'essayer de prendre celle de son voisin. Cette méthode permet en outre d'éviter les troubles que nous avons décrits, et qui sont inhérents à la mise en place des cou­ples en plusieurs fois.
Bien entendu, ce procédé intéresse surtout les élevages d'une certaine importance, mais c'est là aussi que les oeufs pondus au sol constituent un vrai problème.

Importance des minéraux et oligo-éléments pour le pigeon








Comme tous les animaux, le pigeon doit se nourrir pour subvenir à ses besoins en énergie (mouvements, vol, chaleur). Il doit également faire face à la reconstitution des tissus vivants de son organisme chez l'adulte, et à leur formation pendant la croissance. Ces besoins sont représentés par :
‑ Les protéines (matières azotées), qui ser­vent à édifier les tissus vivants.
‑ Les graisses ou lipides servant de ré­serves et à la production de chaleur.
‑ Les sucres ou glucides (sucres et fari­nes) servant surtout à la production d'éner­gie motrice.
Ces divers substances sont nécessaires en quantités importantes et sont apportées par les graines formant la base de l'alimentation de l'oiseau. Si elles manquent, l'animal meurt de faim ; pourtant, si on les lui apporte à l'état pur en quantités même abondantes, l'oiseau dépérit et finit par mourir. C'est donc que les graines et ses aliments naturels contiennent autre chose en faibles quantités mais cepen­dant indispensable. Cette autre chose, ce sont les Vitamines et les Minéraux; les premières surtout sont nécessaires en très faibles quan­tités.
En fait le pigeon paraît moins exigeant en minéraux et surtout en Vitamines, que les autres oiseaux et que les volailles en parti­culier, et il en résulte que l'on voit parfois des pigeonniers entiers se porter assez bien, sans que des suppléments de ces éléments indispensables aient été distribués. On peut en conclure que les besoins minimums des oiseaux ont été couverts sans pour autant que les besoins optimums l'aient été.
En effet, au dessous des besoins mini­mums, des accidents surviennent, mais si des doses supérieures au minimum sont distri­buées aux oiseaux, on observe une amélioration du rendement, de la vitalité, de la re­production, de la résistance aux maladies. Le colombiculteur a donc, de toute évidence, avantage à se tenir aux environs des be­soins optimums plutôt que minimums et cela est vrai aussi bien pour l'éleveur industriel que pour l'éleveur familial ou sportif, encore que ce der­nier ait tout intérêt à dépasser cet optimum, dans un but de sécurité.
LES MINERAUX
Divers minéraux sont indispensables aux oiseaux en général, certains en quantités re­lativement importantes, d'autres en quanti­tés très faibles ces derniers sont les oligo­éléments.
On emploie, en général, des blocs de sel, ce qui est déjà mieux que rien mais trop souvent on néglige le calcium et le phos­phore, minéraux indispensables en plus gran­des quantités; les blocs de sels, à base de Chlorure de Sodium, ne contiennent que des traces de phosphore et de calcium.
Il est évident que lorsque les pigeons sont en liberté totale, comme cela s'est longtemps pratiqué dans certaines régions, une grande partie des besoins en minéraux, se trouve satisfaite dans la nature. En élevage indus­triel et souvent en élevage de race, la claus­tration est complète; pour le pigeon voya­geur elle est souvent prolongée, les sorties étant limitées par des interdictions départementales ou par la conduite de l'élevage. Le problème des minéraux revêt donc une très grande importance, trop souvent négligée ou méconnue.
Le calcium, associé au phosphore sous forme de phosphate, est un constituant es­sentiel des os et, sous forme de carbonate, de la coquille des oeufs. Cette dernière ne contient pratiquement pas de phosphore. Chez une poule qui pond presque un oeuf par jour, les besoins en calcium augmentent considérablement au moment de la ponte, par rapport à la période de croissance ou d'entretien. Chez le pigeon, la ponte est en­viron quinze fois plus faible et ces besoins en calcium accrus chez la femelle ne se po­sent pas. Il ne faut pas cependant oublier l'«allaitement» des jeunes par les parents; ce lait de pigeon, sécrété par le jabot, est produit par les deux sexes et sa composition est très voisine de celle du lait des mammi­fères; cela suppose des besoins accrus en calcium et phosphore.
Il doit y avoir un certain rapport entre le calcium et le phosphore ; l'optimum est Ca/P = 1,5. Si ce rapport est respecté, l'ossifica­tion est correcte ; plus l'on s'en écarte, plus il y a de risques de rachitisme, surtout si l'on n'a pas prévu un apport correct de Vitamine D, qui règle l'assimilation de ces éléments.
Le rachitisme se manifeste, chez le jeune en croissance, par un ralentissement dans le durcissement des os. Ceux‑ci sont formés d'un «moule» gélatineux dans lequel se dé­posent peu à peu les minéraux, qui donnent la solidité. Dans le rachitisme, ce dépôt est retardé, mais les muscles se développent et exercent leur traction sur ces os mous qui se déforment : pattes tordues, bréchet sinueux.
Nous avons vu que la pigeon semble peu exigeant. Chez le jeune, alimenté par ses parents, cela s'explique, car ceux‑ci pour pro­duire un lait normal, puiseront dans leurs ré­serves quittes à se décalcifier. Quand il y a rachitisme, c'est surtout après 15 jours qu'il apparaît.
Le calcium intervient également à doses bien plus faibles dans divers équilibres hor­monaux et sa carence grave peut entraîner des troubles nerveux.
Le phosphore, ainsi que nous venons de le voir, est associé au calcium dans la for­mation des os. Cependant il a une autre ac­tion, en quantités plus faibles, mais c'est une action plus «noble». Il est indispensable à la formation de nombreux composés organiques essentiels à la vie de la cellule vivante et au système nerveux. De ce dernier point de vue, le phosphore agit comme un tonique excep­tionnel et naturel, et non artificiel comme cer­taines drogues qui relèvent plutôt du «do­ping» avec ses aléas et ses dangers. Il faut cependant savoir qu'en cas de carence par­tielle en phosphore, ces besoins de la cellule et du système nerveux sont satisfaits en prio­rité, au détriment de l'ossification. En outre, celle‑ci ne peut être assurée que par le phos­phore des phosphates alors que les besoins cellulaires et nerveux sont assurés par tou­tes les formes de phosphore et peut être même mieux par le phosphore autre que ce­lui contenu dans les phosphates (phospholipides).
Le chlorure de sodium : c'est le sel ordi­naire. Tous les liquides de l'organisme en contiennent environ 8 grammes par litre et les excré­tions et les sécrétions externes en éliminent. Il est donc indispensable que les animaux en trouvent régulièrement dans leur ration ; l'emploi des blocs de sels est très courant dans les pigeonniers, mais il est bon d'insister sur ce point, déjà signalé au début de ce chapitre : ils appor­tent le chlorure de sodium et en général des oligo‑éléments (voir ci‑dessous) mais non le calcium ni le phosphore. Si ces deux élé­ments figurent dans leur formule c’est à l'état de traces très faibles alors que les besoins sont au moins 2 à 3 fois supérieurs à ceux en Chlorure de Sodium.
Le Magnésium : est nécessaire à la forma­tion des os, mais ce métal existe abondam­ment dans les végétaux et ne fait généralement pas dé­faut ; dans la pratique, on ne s'en préoccupe guère.
LES OLIGO-ELEMENTS
Ce sont des métaux nécessaires à l'état de traces (du Grec oligos: petit). Ils interviennent dans divers processus enzymatiques et sont essentiels au même titre que des vita­mines ; ils sont en général présents dans les suppléments minéraux.
Les oligo‑éléments actuellement reconnus comme indispensables sont: Le Manganèse (Mn) pour lequel les besoins sont les plus élevés (relativement). L'Iode (thyroïde). Le Fer (Fe) qui intervient dans la formation de l'hémoglobine du sang. Le Zinc (Zn), le Cuivre (Cu) (sang). Le Cobalt (Co) (Vitamine B12). Récemment on a également attribué un rôle, discuté jusqu'ici, au Nickel (Ni). Le Sélénium (Se) est également un élément qui semble nécessaire mais à doses assez pré­cises, un excès devenant rapidement toxi­que, alors que pour les autres éléments éventuellement toxiques comme le Cuivre, le Zinc, il y a une marge énorme entre les doses utiles et les doses toxiques.
Enfin, dans ce groupe, on peut également parler de l'Arsenic. Il ne semble pas que ce soit un élément indispensable,tout au moins à des doses décelables mais son emploi à de faibles doses et sous forme de composés organiques, paraît exercer une action toni­que éminemment favorable, par certains points comparable à celle du phosphore.
Il faut aussi mentionner le Soufre (S), qui rentre dans la composition de divers acides aminés constituants des protéines. Il peut être apporté sous forme minérale de Soufre, de Sulfate et autres composés divers, mais ne peut, sous ces formes subvenir à tous les besoins ; la présence de certains acides ami­nés soufrés, comme la méthionine est indis­pensable dans la ration.

LES QUALITES DE L’ELEVEUR DE PIGEONS





L’élevage de pigeons demande un ensemble de qualités qui sont bien peu souvent rencontrées chez le même individu. Citons entre autres : propreté, patience, prudence, douceur, méthode, discipline et enfin et surtout observation.
Propreté
Elle est d'une importance primordiale, car sans elle, pas de bonnes performances. Un colombier bien tenu doit avoir le sol recou­vert d'une couche de sable de 4 à 5 cm d'épaisseur. Après la baignade, les pigeons aiment s'y étendre. Cette couche de sable, toujours saine et parfaitement sèche, facilite grandement le nettoyage. Un simple coup de râteau suffit pour enlever les fientes et remettre tout à neuf. Pour le reste de l'instal­lation, un grand nettoyage hebdomadaire est indispensable. Il consiste en un grattage sé­rieux des mangeoires, des perchoirs et sur­tout des cases. Lorsque celles‑ci sont com­plètement propres, une légère couche de sciure est répandue sur toute la surface. Les fientes s'y dessécheront rapidement.
Patience
Cette vertu est plus qu'aucune autre né­cessaire au colombophile. C'est par la pa­tience qu'on obtiendra des résultats, même des résultats inespérés. Patience, patience sans cesse; ne jamais se lasser. Un jour vien­dra où l'effort sera récompensé par un sujet exceptionnel, puis une collection. C'est la préparation patiente qui aura prévalu. Trai­tez vos pigeons avec patience et douceur. Notre colombier sera toujours plus gai, plus calme, la reproduction plus régulière et vos succès plus grands. Encore une fois patience, toujours patience.
Prudence
C'est surtout dans les apports de sang nouveau que cette qualité se fera jour. N'agir d'abord que partiellement dans son élevage, si l'on ne veut pas courir à un désastre, tou­jours possible, et voir ses efforts de tant d'an­nées annihilés. D'abord juger à leur juste va­leur les premiers produits obtenus et ne les employer pour la reproduction que lorsque le type est racé, fort surtout sur jambe et don­nant de la couleur pure, surtout chez certai­nes races.
Méthode
Agir avec méthode est d'une importance considérable. Les pigeons contractent des habitudes contre lesquelles il ne faut pas les insurger. Il convient de les traiter toujours de la même façon. Ne pas changer fréquemment de nour­riture. Leur donner à manger chaque jour aux mêmes heures. Ne pas apporter sans arrêt des transformations dans votre volière. Laisser le plus pos­sible l’ensemble dans le même ordre. Contrôler vos nids toujours de la même manière. Prendre en main les pigeons chaque fois de la même façon et encore avec les mêmes gestes. Si l'on est obligé d'apporter un changement quelcon­que, le faire avec méthode et de la façon la plus imperceptible possible.
Discipline
Voilà une obligation ; contrôlez vos nerfs. C'est une affaire de volonté et d'énergie. Le pigeon ne doit jamais ressentir vos mouve­ments d'humeur. Il lui faut une vie égale, exempte de tout tracas. Si vous n'obtenez pas tout de suite ce que vous voulez, maîtri­sez‑vous, quel que soit votre état de nervo­sité. Le pigeon ne comprendrait pas un mou­vement brutal inhabituel. Le pigeon n'aura plus confiance en vous. Ce jour‑là, son amour au colombier pourrait être tari ou tout au moins amoindri et vous vous en ressentiriez par la suite.
Observation
Nous avons conservé celle‑ci pour la fin, car c'est bien là, la plus grande qualité dont puisse faire preuve un colombophile. Certes les autres qualités ne sont pas négligea­bles, mais elles ne serviraient encore à rien, si l'observation ne venait pas les compléter. C'est que, chez le pigeon, plus que partout ailleurs, l'individualité est très développée. Ici pas de standard, sinon en apparence. Les caractères sont bien différents, l'un mon­trera de la douceur, l'autre de la brutalité. Celui‑ci aura l'amour du nid très développé alors que l'autre sera volage. Pourtant, tous sont capables de faire d'excellents sujets. C'est par l'observation que vous arriverez à pallier ces différents petits défauts ou à en profiter, le cas échéant. Vous pouvez obtenir des résultats inespérés en jouant sur les par­ticularités de vos pigeons. L'attachement pour la femelle, pour les oeufs, vous pouvez les exploiter. Observez vos pigeons et notez vos observations par écrit, car vous en oublierez certainement. Ces dernières vous seront pro­fitables, non seulement pour l'instant présent mais encore et surtout pour l'avenir. Car Ies choses se renouvellent et tout n'est que re­commencement.
AUCUNE NEGLIGENCE N'EST PERMISE
Enfin, le bon co­lombophile ne se permettra jamais la moin­dre négligence envers ses pigeons. Ceux‑ci le reconnaissent pour leur maître et lui par­donneraient difficilement une faute. Son au­torité en serait grandement compromise et l'élevage s'en ressentirait. Qu'une personne remplaçante fasse une faute, cela ne peut être que d'importance secondaire, mais que le maître en fasse autant ne saurait se con­cevoir. Vos pigeons, soyez‑en sûrs, n'oublie­raient pas.
Voilà ce que l'on peut deman­der à un colombophile. Certes bien peu d'hommes présentent un tel ensemble de qualités et c'est pourquoi il y a si peu d'élus parmi les éleveurs de pigeons.
Essayez cependant, car l'amour du pigeon peut faire des miracles et transformer un homme.

LES ALEAS DE L’ELEVAGE EN LIBERTE






Le principal grief que je ferai à l'élevage en liberté, c'est que l'éleveur qu’il soit colombiculteur ou colombophile, n'est pas le maître de son éle­vage. Certes, il pourrait l'être s'il voulait s'en donner la peine et s'il organisait sérieuse­ment son pigeonnier.
Mais justement, ceux qui pratiquent l'éle­vage en liberté ont choisi cette méthode pour s'occuper le moins possible de leurs oiseaux et les laisser "se débrouiller" comme ils l'en­tendent. Ils se contentent de leur jeter quel­ques poignées de grain matin et soir durant la mauvaise saison, le soir seulement pen­dant la période des récoltes. Puis, de temps en temps, ils vont cueillir un ou deux pigeon­neaux prêts à quitter leur nid pour les diriger vers la casserole. Voilà ce que font à peu près la plupart de ceux qui élèvent des pi­geons en liberté. Ce n'est, vous le voyez, ni fatigant, ni compliqué.
Examinons alors ce qui se passe lorsque les pigeons en liberté sont laissés librement à leurs propres initiatives.
Généralement, ils sont vite dégoûtés de leur pigeonnier ou du grenier qui leur est affecté pour en tenir lieu, car on oublie trop souvent de le nettoyer et d'y nettoyer les nids. Dès lors, ils cherchent à nicher ailleurs à l'intersection des grosses poutres des han­gars ou remises, dans les trous de murs, aux coins des fenêtres perdues du haut de la ferme, souvent en des lieux difficilement accessibles.
Or le pigeon est un mauvais constructeur et ses oeufs sont quelquefois tenus en équi­libre sur quelques fortes brindilles. Et comme il y a souvent bataille pour la possession de ces nids rudimentaires, il s'en suit pas mal de casse. Si les oeufs en réchappent, ce sont alors les jeunes qui sont mis à mal dans les bagarres.
De ce fait dû à la négligence de l'éleveur, les pertes sont nombreuses et c'est pour­quoi le "rendement" en liberté est nettement moindre qu'en volière.
D'autre part, il y a parfois des femelles dépareillées qui parviennent à échapper à la casserole. Or vous savez que lorsque les reproducteurs ne sont pas groupés en cou­ples bien appareillés, les solitaires ou céliba­taires amènent la perturbation dans les grou­pes. Les mâles sans femelles en mal de con­quête vont déranger les femelles accouplées, les jeunes femelles sans mari sont l'objet de convoitises des mâles déjà pourvus qui délaissent alors leur "légitime" pour s'offrir une maîtresse. Et tout cela ne va pas sans de déplorables batailles entre les prétendants.
Il arrive aussi que des couples bien appa­reillés soient dépareillés parce qu'un chas­seur bredouille s'est permis de "faire un car­ton" sur les pigeons de son voisin ou parce qu'un mâle s'ennuyant au logis, est assez fou pour entreprendre un voyage dans les environs où il a repéré une jeune veuve ou une belle vierge. Voyage d'où il ne reviendra pas soit qu'on l'adopte, soit qu'on mette fin à sa fugue en abrégeant ses jours.
On le voit, si l'élevage en liberté laisse de grands loisirs à l'éleveur, surtout parce qu'il en prend à son aise, il est plein d'aléas qui réduisent fortement la production. Et je ne parle pas des petites déprédations commi­ses par les pigeons dans le jardin de leur propriétaire ou celui d'un voisin qui n’apprécie pas du tout.

L’APPLICATION DES TRAITEMENTS EN COLOMBICULTURE





Les pigeons peuvent être traités individuel­lement par piqûres ou par comprimés don­nés dans le bec. On peut les traiter collecti­vement dans l'eau de boisson, et accessoi­rement sur les graines.
LES INJECTIONS
Employer une aiguille courte (15mm) et faire l'injection dans les muscles pectoraux. La désinfection de la peau est en pratique inutile.
LES COMPRIMES
Se donnent de force dans le bec ; s'assu­rer que l'oiseau a bien avalé et ne rejette pas le comprimé en vomissant, ce qui arrive fréquemment chez les adultes.
Pour ces deux traitements, ne pas oublier que les doses sont établies pour un pigeon de 500 grammes environ. Augmenter la dose pour les très grosses races pouvant attein­dre un kilogramme.
LES TRAITEMENTS DANS L'EAU
La dose de médicament doit être mesurée exactement : en dessous de 5ml (ou 5cc), utiliser une seringue graduée. A partir de 5ml, on peut employer la cuillère à café qui, à 20 % près, contient 5ml, ou la cuillère à soupe, 15ml. Ce sont des mesures très approxima­tives; ne jamais tenter de mesurer une 1/2 cuillère ; c'est impossible à évaluer. La dose indiquée dans l'eau est valable, quel que soit le poids des oiseaux (un oiseau plus gros boit plus). La seule correction à faire dépend de la chaleur.
En été, employer la dose indiquée; en hi­ver, l'augmenter au moins de 50% car les pigeons boivent bien moins ; si l'on emploie deux cuillerées, à température moyenne, il faut en mettre 3 en hiver. Cette augmenta­tion de la dose peut donner du goût à l'eau et causer un refus. De même, à la dose nor­male, certains produits sont mal acceptés. En sucrant l'eau, on peut tenter d'y remé­dier, mais les résultats sont aléatoires.
LES TRAITEMENTS SUR LES GRAINES
La plupart des traitements sont étudiés pour être administrés dans l'eau. S'il faut donner un produit sur les graines, on procèdera de la facon suivante : faire cuire un peu de fa­rine dans l'eau pour faire une colle de pâte ; la diluer dans l'eau, et y délayer la poudre à donner aux pigeons. Dans une cuvette, ajou­ter à ce mélange la quantité voulue de grai­nes, et bien mélanger ; étendre les graines pour les laisser sécher, et les distribuer aux oiseaux. Avec 1/2 litre à 1 litre de liquide pour 10 kg de graines, on obtient une bonne répartition, et la farine fait adhérer le produit, On peut remplacer la farine par une solution de gomme arabique. On admet, en général, que la dose à donner sur les graines est le double de celle donnée dans l'eau, en été.
Certains produits pulvérulents ne nécessi­tent pas une telle préparation car ils adhè­rent aisément au grain mouillé. Il suffit géné­ralement d'humidifier au préalable les grai­nes à raison de deux à trois cuillerées à soupe d'eau par kilo.

vendredi 29 avril 2011

Le comportement du pigeon reproducteur



Tout le monde sait que les pigeons sont monogames et que, lorsqu'ils s'accouplent, ils oublient rarement leur fidélité. Mais par­fois, il arrive accidentellement qu'un mâle, comme beaucoup de mâles dans l'univers, apporte ses soins à deux femelles. On ra­conte nombre de ces histoires partout où l'on élève ces magnifiques oiseaux si passion­nés, quelquefois même jusqu'à l'exagération, comme les hommes.
Le mâle seconde la femelle durant la pé­riode d'incubation des oeufs. La femelle de­meure sur le nid, d'habitude, de 4 heures de l'après‑midi à 10 heures du matin suivant et le mâle la remplace pendant ses heures d'ab­sence. Mais il ne faut pas trop croire, comme on le soutient, à la fidélité indubitable du mâle qui devient bigame lorsque l'occasion se pré­sente. L'infidélité de la femelle se manifeste lorsque le mâle est trop vieux et sa compa­gne l'abandonne alors pour s'unir à un mari plus actif. Pour cette raison, l'éleveur a tou­jours avantage à accoupler des sujet de même âge.
Les pigeons sont des animaux très volup­tueux, au point que, lorsqu'il s'en trouve un groupe sans femelle, ils se livrent à des ac­tes contre nature, poussés par d'ardents désirs. Dans ces cas, ils sont particulière­ment agités et maigrissent fortement.
Pour l'amour, ces oiseaux sont très ex­pressifs dans leurs caresses, qu'ils échan­gent longuement avant d'en venir à l'acte amoureux. Et ils sont plus passionnés dans la manifestation du sentiment qui les anime qu'aucun autre animal.
Lorsqu'on veut accoupler deux pigeons de provenance différente et éviter les bagarres possibles, avant de les unir, on met ensemble les deux sujets pour quelques jours dans une même cage équipée d’une séparation grillagée afin de leur permettre, chacun dans un compartiment, de mieux se connaître et que s’installe une sympa­thie mutuelle.
Lorsque les oiseaux des deux sexes sont unis, on re­marque que le premier soin du mâle est de pousser sa compagne vers le nid où elle devra déposer ses oeufs. Le pigeon est ja­loux de sa femelle et désire qu'après la fé­condation elle se retire pour ses devoirs, parce qu'après l'accouplement elle est dans un état de lascivité qui la pousserait à se donner à d'autres mâles si son compagnon l'abandonnait temporairement pour une rai­son quelconque.
C'est pourquoi le mari, qui connaît bien cette faiblesse et, conscient du péril, prend les devants et la femelle reçoit force coups de bec lorsqu'elle s'obtine à rester loin du nid.
Durant toute la période de l'incubation, le mâle est vigilant et fait bonne garde pour empêcher un intrus de courtiser sa com­pagne. En ce cas, même si le mâle n'est pas de forte taille pour défendre sa situation de chef de famille, mais plutôt petit, il est pos­sédé d'une audace et d'une force combative qui le distinguent et lui assurent le succès.
Dès l'éclosion, les deux parents assurent à leurs petits qui naissent aveugles, toute leur affection en les réchauffant pour qu'ils soient vite secs et qu'ils prennent rapidement des forces. Ils ne se comportent pas comme la plupart des oiseaux en nourrissant leurs jeunes qui ouvrent largement le bec dans l'at­tente de l'aliment distribué tour à tour. Chez les pigeons, au contraire, ce sont les petits qui introduisent leur bec celui des parents pour prendre leur nourriture.
Pendant la première décade, les pigeon­neaux demeurent le plus possible sous la mère et y sont gardés avec empressement.
Le maintien de la chaleur leur est indispen­sable car ils viennent au monde revêtus d'un rare duvet qui ne les protège pas du froid ; une bonne chaleur leur est nécessaire pour prendre progressivement, force et vigueur.
Les habitudes des pigeons, pour les heu­res de relève au nid, rie sont pas changées à la naissance de la progéniture. Quand, à son heure habituelle, la mère quitte le nid pour se restaurer et pourvoir aux nécessités physiologiques, et aussi se reposer, le mâle la remplace jusqu'à son retour au milieu de l'après‑midi. Ce qui n'exclut pas que certai­nes femelles ayant une tendresse plus im­pulsive pour leurs petits, reviennent au nid plut tôt qu'à l'accoutumée.
Après la première décade, les petits qui ont ouvert graduellement les yeux et les pa­rents sont peu à peu dispensés de la pres­sante fatigue de les réchauffer à leur contact pendant les heures du jour, et limitent leur assistance à la nuit seulement, environ une semaine encore.
Pendant la première période de 8 à 10 jours, les jeunes reçoivent de leurs parents la becquée consistant en une bouillie jaunâ­tre, séreuse, qui provient d'un gonflement spécial de la muqueuse du jabot, et qui a une grande analogie avec le lait des mammifères. Petit à petit, cette bouillie est rempla­cée par des graines ayant subi un ramollissement dans le jabot. Pour évacuer cette substance semblable au lait, ces oiseaux procèdent à de fortes contrac­tions du jabot, ce qui nécessite de gros efforts provoque une certaine fatigue. C'est pourquoi les pigeons qui nourrissent doivent recevoir une alimentation saine, nutritive et for­tifiante.
Les jeunes nés au printemps sont, comme dans toutes les espèces, généralement les meilleurs.
Certains éleveurs ont voulu parfois faire l’échange de jeunes sujets avec d'autres d'une race plus appréciée. Cependant, comme le lait de jabot que les pigeons régurgitent dans le bec de leurs petits n'est pas produit à vo­lonté mais seulement pendant un temps relativement court, il faut, en pareil cas, que la substitu­tion soit faite au bon moment avec des jeu­nes du même âge. Il est préférable de faire couver les oeufs auxquels on attache la plus grande valeur, par d’autres pigeons après avoir procédé à l’échange des oeufs. C'est ainsi que l'on opère avec les races de prix, reconnues comme mauvaises couveuses. En revanche, dans certaines races on trouve des sujets qui montrent beaucoup d’application à s’acquitter parfaitement de leur mission quand on leur confie des œufs.

Séparer les jeunes pigeons des adultes.





Le système que nous appellerons "liberté surveillée ou contrôlée", concilie les avanta­ges de la pleine liberté et de l'élevage en volière, éliminant de surcroît leurs inconvé­nients.
Mais ces régimes de "liberté surveillée' n'excluent pas, comme dans le strict élevage en volière, la séparation des jeunes à la­quelle il est bon de procéder en temps op­portun.
Il est des petits élevages d'amateurs où, faute de place, à moins que ce ne soit faute de petit capital nécessaire à une installation rationnelle, on ne dispose que d'une seule volière plus ou moins réduite. Là, les cou­ples de reproducteurs sont mêlés aux jeu­nes en instance de départ vers d'autres cieux, en instance de fin culinaire ou en instance de futur accouplement s'ils sont jugés dignes d'être promus au grade de reproducteurs.
Dans ces conditions, il n'est pas surpre­nant que l'élevage subisse des à‑coups sé­rieux du fait de bagarres fréquentes ou de "distractions" intempestives fournies aux .pères nourriciers".
En effet, on ne doit pas "appareiller" des jeunes en vue de la reproduction avant qu'ils aient six mois révolus dans les petites races et, avec les Romains, les Montaubans, les Mondains, il est préférable de laisser les su­jets se développer, sans excès sexuels, jus­qu'à huit, dix et même douze mois.
Or, parfois lorsqu'ils ont trois mois dans le cas de précocité, sûrement à quatre ou cinq mois, les jeunes commencent à être tyranni­sés par l'instinct sexuel.
Il s'ensuit que d'une part les mâles des couples reproducteurs font leurs offres de services aux jeunes femelles non accouplées au lieu de se consacrer, comme ils le doi­vent, au nourrissage de leur progéniture ; que parfois ces offres de services sont agréées, ce qui conduit le mâle déjà pourvu, à la bigamie de sorte qu'il ne pourra plus assurer durant le jour l'accouvaison simulta­née de deux couvées différentes et l'une de ses deux épouses ne pourra plus se reposer et se restaurer normalement. En outre, il ne pourra pourvoir convenablement à l'alimentation de ses deux nichées jumelles. Ce sera la pagaille et les jeunes qui en seront issus n'arriveront guère en bonne condition.
D'autre part, les jeunes mâles non accou­plés tenteront soit de "débaucher" sans y par­venir d'ailleurs, une femelle accouplée et cela leur vaudra quelques belles corrections de la part de l'époux légitime, soit de s'accou­pler à une jeune femelle dépareillée qui se trouve disponible. Mais en ce cas, le moin­dre risque est que cet accouplement ne sera pas celui qu'a comploté l'éleveur, d'autant que le plus souvent il se pratiquera entre frère et soeur, ce qui n'est pas recommandé. Le plus grand mal est que cet » appareillage" volontaire fatiguera les jeunes encore insuffi­samment développés, et les épuisera d'au­tant plus qu'avant de parvenir à leurs fins, ils devront subir les assauts des autres mâles, adultes et accouplés, qui essaieront de parti­ciper à l'initiation des jeunes femelles. En­core de la pagaille en perspective, des ba­tailles, des oeufs cassés, des adolescents écartés des mangeoires par les vieux belli­queux, etc.
On voit donc qu'il y a intérêt majeur à séparer les jeunes des couples reproduc­teurs. Comment et quand ?
Dans toute installation de colombiculture bien comprise, il doit y avoir outre la ou les volières réservées aux reproducteurs ‑ ex­clusivement réservées ‑ deux autres volières destinées aux jeunes encore dépareillés. Dans les modestes élevages qui ne peuvent s'offrir plusieurs volières, il sera nécessaire de cloisonner avec du grillage et une porte de communication intérieure, deux petits compartiments de l'unique volière, pour les jeunes. Ces deux compartiments seront inégaux. Le plus petit sera affecté aux jeunes femel­les déclarées et aux plus jeunes dont le sexe est encore douteux. Et voici comment on pro­cèdera à la séparation qui se fera dès après le sevrage.
Lorsque, dans la volière des reproducteurs, des tout jeunes sont en âge de s'évader du nid, de s'envoler de leur case, ils doivent demeurer encore dans la volière des adultes car ils seraient incapables de s'ali­menter tout seuls. A cet âge, l'instinct sexuel ne joue pas encore et les autres adultes les laissent aller et venir sans trop les inquiéter. Si quelque mâle irascible, ce qui se voit, leur cherchait querelle, le père s'empresserait de défendre ses enfants contre les batailleurs.
Durant quelques jours, les jeunes sortis du nid s'essayent à ingérer d'eux‑mêmes les pe­tites graines qu'offre la mangeoire. Mais comme ils n'y parviennent guère, ou insuffi­samment, ils poursuivent leur père, en pous­sant de petits cris, afin qu'il continue à leur donner la becquée.
Quelques jours plus tard, les jeunes par­viennent à s'alimenter seuls. Lorsqu'on cons­tate que le père, malgré les sollicitations piaillantes de ses enfants, se refuse à les nourrir pour se consacrer entièrement aux plus jeunes de la couvée suivante qui est encore au nid, le moment du sevrage appro­che.
Encore trois ou quatre jours pour être bien sûr que les jeunes en question s'alimentent correctement tout seuls et sans le secours paternel, et c'est l'instant de la séparation. Les deux jeunes (à moins d'un fils unique accidentel) sont alors transportés, sans qu'on ait à se préoccuper de leur sexe, dans le compartiment ou la volière des jeunes fe­melles dépareillées. Ils y demeureront jus­qu'à trois ou quatre mois, jusqu'au moment où l'on constatera que l'un deux (parfois les deux) fait la roue en roucoulant autour des autres jeunes femelles de son compartiment. S'étant alors déclaré mâle de lui‑même (c'est le meilleur moyen de discerner les sexes sans erreur en laissant parler la nature), il sera alors placé dans le compartiment de la volière des jeunes mâles.
Ainsi tout se passera dans l'ordre. D'un côté on aura des jeunes mâles déclarés, de l'autre des jeunes femelles et des tout jeu­nes non déclarés. Dans ce dernier comparti­ment on pourra considérer que les jeunes de cinq mois qui laissent tranquilles les femel­les sont bien eux‑mêmes des femelles.
Dès lors, tout ira bien dans la volière prin­cipale des reproducteurs et l'éleveur pourra, en cas de vente, savoir où trouver des mâ­les et des femelles. En cas d'appareillage futur pour former de nouveaux couples re­producteurs, il pourra fixer son choix très à l'avance en combinant les qualités ou les cou­leurs de plumage des uns et des autres, et en évitant la consanguinité, surtout entre frère et soeur.
Pouvant examiner à loisir ses jeunes su­jets, il choisira, sans se presser et par com­paraison entre eux, ceux qui sont dignes d'être conservés pour lui ou d'être vendus en faisant honneur à son élevage, et ceux qui n'ont de valeur qu'agrémentés de petit pois, lentilles ou choux divers.
Vous savez maintenant que la séparation des jeunes pigeons est indispensable et com­ment on y procède pour la bonne marche de l'élevage.

CREATION D’UN ELEVAGE DE PIGEONS





Beaucoup de débutants ont déjà décidé, dans leur esprit, du type d'oiseau qu'ils veu­lent élever, même avant d'en connaître as­sez sur les pigeons. Certes, personne ne sait tout sur eux, mais il y a un cer­tain nombre de choses que l'on devrait con­naître avant d'élever un seul oiseau. La fa­çon habituelle de procéder est de démarrer tout de suite avec un couple pour la repro­duction. La ponte des oeufs et l'élevage des jeunes sont attendus anxieusement, comme si c'était là tout ce qu'il y a d'intéressant chez les pigeons.
Certains débutants désirent vivement ap­prendre comment les élever, mais en règle générale, ils choisissent la méthode difficile. Certes, c'est la meilleure manière sous bien des rapports car nous nous ins­truisons mieux par les désillusions. Mais nous ne devons jamais oublier que nous avons des devoirs à remplir envers nos favoris. Ce sont des «animaux muets» qui ne peuvent se plaindre des mauvais traitements et nous ne commençons à nous apercevoir que quel­que chose ne va pas que lorsqu'ils donnent des signes non équivoques de souffrance. Mais beaucoup de souffrances de nos oi­seaux et de désillusions de nos débutants pourraient être évitées si nous apprenions tout d'abord tout ce que nous pouvons sur les pigeons. L'inconvénient d'apprendre en passant par des difficultés est que nos oiseaux en souf­frent aussi, eux qui sont entièrement à la merci de leurs propriétaires.
Il est donc recommandé d'acquérir quel­ques connaissances sur les pigeons avant d'en acheter un couple. Il y a plusieurs fa­çons de le faire. Dans les localités où il existe un club, quelques‑uns des membres les plus anciens seront certainement trop heureux de prêter aux débutants quelques‑uns de leurs livres sur les pigeons, surtout si ces débutants ont l'intention de s'inscrire au club. Là où il n'y a pas de club, on peut acheter des livres chez le libraire ou les commander, ou les louer à une bibliothèque.
Faites une étude sérieuse au préalable. Si vous aimez assez les pigeons pour en éle­ver, vous devez les aimer assez pour les étudier de façon approfondie. Toute marotte vaut que l’on sy consacre soigneusement et cela ne doit être en aucune façon une corvée. Rien n'est plus attrayant qu'une étude intelligente de votre passe‑temps. Apprenez donc tout ce qui les concerne et n'empruntez pas vos con­naissances à des gens qui n’ont pas une expérience suffisante.
Il existe une quantité d'amateurs prati­quants qui ont de grandes compétences, mais quand un novice sollicite d'eux un avis, il est surpris de constater les différences considéra­bles d'opinion entre les éleveurs qui ont ré­ussi. Ils disent sou­vent les choses d'une façon qui gâte leurs bonnes idées. C'est pourquoi il est recom­mandé de comparer toujours les avis de vieux amateurs avec ceux d'une autorité en la ma­tière. Quand plusieurs amateurs ne sont pas d'accord avec un livre faisant autorité, mais sont d'accord entre eux, il y a lieu d'étudier attentivement et longtemps le sujet afin de voir qui a raison. N'adoptez pas de conclu­sions de premier jet, si tentantes et si sédui­santes qu'elles puissent paraître. Ce qui vous paraît absolument sûr aujourd'hui devient souvent douteux quand vous avez acquis plus d’expérience. Rien n'est plus difficile que d'apporter une conclusion finale à toute ex­périence faite avec des créatures vivantes. Le corps vivant est une inconnue, en fait un grand mystère, et les savants n'ont jamais fini d'apprendre et de modifier leurs ancien­nes idées.
Un conseil pour la construction d'un pigeon­nier. Celui-ci doit toujours être cons­truit de telle sorte que la pluie n'y entre pas. Il faut donc vous assurer de la direction des vents dominants. Ils viennent ordinairement de deux directions. Si les pi­geons sont souvent mouillés, ils souffriront probablement de diverses maladies et de parasites internes vivant dans les crottes humides si les planchers restent humides.
Le pigeonnier devrait toujours être, natu­rellement, dans une situation élevée, généra­lement sous le toit d'un hangar ou d'un local situé là où il ne pourrait gêner en aucune fa­çon les voisins ni modifier l'aspect général de l’environnement. La situation exacte d'un pigeon­nier dans une grande ville où les réglemen­tations municipales assurent le cours harmo­nieux de la vie civile est un point fort délicat. Il faut bien étudier tout cela avant de choisir une place pour votre pigeonnier. Il y a des conditions dans lesquelles un pigeonnier peut devenir une plaie pour le voisinage qui sai­sit alors tous les prétextes pour empêcher la création d'un élevage.

Pigeon : Couples ou paires ?





Pour monter votre élevage, vous avez acheté, si vous ne voulez élever qu'une seule race, trois mâles et trois femelles à des éle­veurs différents. Si vous achetiez trois cou­ples, vous auriez trois "sangs" différents constitués très probablement par des couples consanguins, car il y a de fortes chances pour qu'on vous vende des frères et soeurs.
En achetant trois paires de six provenan­ces différentes, vous aurez davantage de chances d’obtenir six "sangs" diffé­rents, et les couples que vous appareillerez ne seront probablement pas consanguins. Ainsi, vous se­rez sûr d'apporter le maximum de vigueur à votre souche.
L'APPAREILLAGE
Pour "appareiller" vos couples, vous allez loger les trois mâles, séparément, dans un "appareilloir" et, si vous n'en avez pas trois de disponibles, dans une case que vous fermerez avec un grillage provisoire.
Bien entendu vous leur assurez à manger dans une petite mangeoire et à boire dans un pot à confiture fixé au grillage ou dans un coin de la case. Vous laissez ainsi « mijo­ter » vos trois mâles en cellule pendant trois ou quatre jours. Les femelles peuvent être tenues en liberté ensemble, mais de préfé­rence hors la vue des mâles pour que cha­cune ne fixe pas son choix.
Au bout de trois jours, vous introduisez auprès du mâle, la femelle que vous lui destinez, et vous observez. S'ils se font bon accueil et que vous les voyez en bonne disposition de s'accoupler (leur comportement ne trompe pas), laissez‑les tranquil­les.
Si I’accueil est mauvais, que le mâle agresse la femelle, soit parce qu'elle ne lui plaît pas, soit parce qu'elle se refuse à ses caresses, retirez‑la et laissez le mâle seul en cellule pendant deux jours. Après quoi, vous les remettez en présence.
Il est probable qu'alors l'accueil sera plus chaleureux. Sinon, encore deux jours de jeûne amoureux pour le mâle et troisième présentation de la femelle. Si la troisième fois, ils échangaient encore des coups de bec agressifs, laissez‑les quand même en­semble, ils finiront par s'accorder, mais ne relâchez pas votre surveillance.
Lorsque vous aurez constaté que l'accord est fait, à la première, deuxième ou troisième présentation, laissez le couple en cellule un jour ou deux, puis installez‑le dans la case qui lui est destinée où vous le tiendrez enfer­mé à l’aide d’un grillage provisoire. Si vous avez logé le mâle dans une case d'élevage, vous n'aurez qu'à y laisser le couple.
ATTENDEZ LES DEUX OEUFS
Et vous le laisserez bouclé jusqu'à ce que vous ayez constaté la présence de deux oeufs dans le nid que vous aurez eu la pré­caution de leur fournir.
A ce moment, la première ponte étant faite, vous pourrez enlever le grillage provisoire et rendre à vos prisonniers la liberté dans la volière ; l'installation est définitive car ils n'abandonneront pas leurs oeufs.
Ayant acheté vos trois paires, comment allez‑vous choisir les femelles que vous des­tinez aux mâles ?
Certains éleveurs estiment qu'il est préfé­rable d'accoupler une jeune femelle à un vieux mâle et inversement. Le mieux, à no­tre sens, est que vous ayez six jeunes adultes. Ainsi vous aurez devant vous une plus longue période de production. Efforcez-vous donc de vous monter votre élevage avec des oiseaux d’un an.

L’AGE DES PIGEONS
Comment reconnaît‑on l'âge des pi­geons ?
Les connaisseurs le lisent dans les plu­mes de vol. Après la première mue, ce qui indique approximativement l'âge d'un an, la première plume (à partir du milieu de l’aile) des grandes rémiges repousse un peu plus courte que les autres. A la deuxième mue (deux ans) la deuxième plume des grandes rémiges repousse un peu plus courte que la suivante, et ainsi de suite. De sorte qu'après avoir ouvert entièrement l'aile d'un pigeon pour étendre les grandes rémiges, vous n'avez qu'à compter, en partant de la première grande plume, combien il y en a d'un peu plus courtes pour connaître le nom­bre de mues, donc à peu près le nombre d'années. Car les pigeons nés en janvier, février, mars ou avril muent dès leur pre­mière année, tandis que ceux nés en août, septembre, octobre, etc. ne muent que l'an­née suivante. La première année, le calcul est donc à quelques mois près, en plus ou en moins, mais il est exact pour les années suivantes.
Un moyen plus facile consiste à n'acheter que des pigeons bagués. Ainsi, non seulement on peut connaître leur provenance, mais le millé­sime porté sur la bague indique l'année de naissance.

L’ALIMENTATION RATIONNELLE DU PIGEON






L'alimentation, dans un élevage quel qu'il soit, est d'une importance capitale, non seu­lement parce qu'elle constitue en général le poste de dépenses le plus lourd, mais aussi parce qu'elle conditionne directement la pro­duction, à la fois en qualité et en quantité. De plus, son influence sur l'état sanitaire du cheptel, est indéniable.
Dans les différentes études que nous avons publiées sur l'alimentation du pigeon, nous nous sommes efforcés de sortir des sentiers battus pour donner aux éleveurs la possibili­té d'améliorer leurs résultats. C'est ainsi que nous avons mis en cause les graines de lé­gumineuses, et notamment la féverole, jus­que là très largement utilisées et dont le prix est pourtant presque toujours hors de pro­portion avec la valeur alimentaire réelle de ces produits. Nous considérons qu'il faut leur préférer un aliment composé granulé dont le choix est fonction de sa destination.
En effet, suivant qu'il est donné à l'exclu­sion de tout autre nourriture, c'est à dire en aliment complet, ou en complément des cé­réales, c’est à dire en complémentaire, sa composition peut varier très sensiblement.
Quoi qu'il en soit, et c'est à notre avis une bonne chose, l'utilisation des aliments com­posés a tendance à se généraliser pour les pigeons, comme cela s'est déjà produit pour les autres animaux. Il reste cependant que l'alimentation exclusive aux granulés demeure délicate et coûteuse, tandis que l'alimenta­tion mixte (grain + granulés) semble plus passe‑partout, au moins dans l'état actuel des connaissances.
Les recherches que nous avons réalisées dans ce domaine, ainsi que les divers recoupe­ments que nous sommes amenés à faire, confirment que le mode de vie et surtout de reproduction du pigeon, constitue un handi­cap certain quand il s'agit d'opter pour l'aliment complet. Il est certain, et nous l'avons déjà souligné, que les besoins du pigeon va­rient considérablement suivant son âge et sa condition du moment. En conséquence, il paraît peu logique d'envisager de donner dans tous les cas, le même aliment, même si dans son jeune âge, cet oiseau est capa­ble de compenser, au moins dans une cer­taine mesure, la qualité par la quantité.
Quant aux possibilités du pigeon d'équili­brer lui‑même sa ration alimentaire, et sans chercher à nier une certaine évidence dans ce domaine, les constatations très différen­tes que nous avons pu faire avec des sujets placés dans des conditions identiques, nous ont toujours incités à la prudence.
En tout état de cause, il nous a semblé intéressant de rapporter ici les résultats ob­tenus par un groupement d'éleveurs de pi­geons de chair qui, avec un aliment titrant 20 à 22 % de protéines, ont constaté une bonne croissance des tout jeunes pigeon­neaux, alliée à un emplumement rapide. Cependant, à l'âge de l'abattage, ces oiseaux n'étaient pas suffisamment en chair. De plus, leurs fientes étaient passablement liquides. Par contre, avec un granulé titrant 24 % de protéines, donné en complément du maïs grain, ces inconvénients disparaissent. No­tons que la proportion dans la consomma­tion est d'environ un tiers de granulé pour deux tiers de grain, ceci avec des couples en production, évidemment. Dans les deux cas, l'aliment a été fabriqué spécialement pour le groupement.
Sans chercher à tirer des conclusions défi­nitives, il est possible d'émettre quelques hypothèses.En premier lieu, il convient de préciser que les reproducteurs qui ont fait l'objet de ces essais, avaient été initialement, davantage habitués au grain, qu'au granulé, ce qui pour­rait expliquer une adaptation incomplète ou trop lente à l'aliment complet. Il est possible également que l'on trouve là la cause de la production de déjections molles. D'une fa­con générale, il semble bien que les pigeons qui consomment des granulés surtout lors­qu'ils n'ont que cela à leur disposition, aient tendance à boire davantage en particulier lorsqu'ils nourrissent bien sûr, et dans ce cas la disproportion est encore plus grande. Pour notre part, nous avons constaté à ce sujet, des différences considérables entre les couples reproduc­teurs, certains ayant la fâcheuse habitude de gorger littéralement leurs petits de liquide, surtout lorsque ceux‑ci ont atteint l'âge de deux semaines. Il est alors très difficile de maintenir les nids dans un état convenable.
Peut‑être faut‑il voir dans cette forte con­sommation d'eau susceptible de modifier le métabolisme, l'impossibilité pour les jeunes de s'étoffer entre l'âge de deux et quatre semaines ? Peut‑être aussi doit‑on considé­rer qu'une alimentation riche en protéines, convient moins bien aux pigeonneaux âgés de plus de quinze jours ? Nous avons d'ailleurs très souvent remarqué que les re­producteurs habitués aux granulés, et qui ont également du grain à leur disposition, ne commencent à donner ce dernier à leurs pe­tits que lorsque ceux‑ci ont atteint l'âge d'une douzaine de jours. Peut‑être l'énergie du maïs lorsqu'elle remplace partiellement celle des protéi­nes de l'aliment permet elle d'obtenir une meilleure finition ? Peut‑être que la consis­tance du grain contribue elle aussi à ce ré­sultat puisque chez le poulet notamment, on sait que le maïs est mieux utilisé entier que moulu ? Peut‑être encore certains com­posants de l'aliment peuvent‑ils être à l'ori­gine d'une plus forte consommation d'eau, comme c'est le cas par exemple pour les proportions élevées de matières minérales ?
Autant d'explications qui restent plausibles sinon probables. Toujours est‑il que dans la pratique, et en attendant d'en savoir davan­tage sur le sujet, l'alimentation mixte grain + granulés, est celle qui est la plus recomman­dable dans la majorité des cas. De plus, elle est moins onéreuse, en particulier pour les pigeonneaux sevrés qui consomment nette­ment plus de grain que de granulés.
Nous conseillons néanmoins de maintenir en toute circonstance, une distribution de granulés, de façon que les futurs reproduc­teurs gardent l'habitude d'en manger plus ou moins. Rappelons enfin qu'il ne faut jamais lésiner sur la qualité de la nourriture, qu'il s'agisse du grain ou des granulés ; procéder autrement consisterait, à coup sûr, à faire de fausses économies.